Essais & Simulations n°141

ACTUALITÉS ENTRETIEN La

ACTUALITÉS ENTRETIEN La technologie, le rempart de l’industrie contre la crise Le directeur exécutif de la Banque publique d’investissements (Bpifrance), nous fait part dans cet entretien exclusif de sa vision de la crise et surtout d’une reprise très attendue. Dans ce contexte incertain, Guillaume Mortelier rappelle le rôle essentiel de l’organisme tant dans sa mission financière que dans l’accompagnement des entreprises, mais également la place centrale qu’occupent les nouvelles technologies dans l’espoir d’un rebond rapide de l’économie. GUILLAUME MORTELIER, UN MOT POUR QUALIFIER CETTE CRISE… Le premier mot qui me vient à l’esprit est « brutalité ». Car si l’on se reporte à 2008, il y a eu environ un an de latence entre la crise des subprimes et son impact réel sur l’économie. Cette année, nous sommes passés d’une économie en fin de cycle un arrêt total – avec toutefois des disparités fortement marquées de manière sectorielle mais aussi en fonction de la taille et de la géographie des entreprises. Car Guillaume Mortelier DIRECTEUR EXÉCUTIF DE LA BANQUE PUBLIQUE D’INVESTISSEMENTS (BPIFRANCE) Ancien élève de l’Ecole polytechnique et diplômé de l’École nationale des Ponts et Chaussées,Guillaume Mortelier débute sa carrière en 2003 au sein du cabinet Bain & Company à Paris et San Francisco où il mène des missions de développement d'entreprises en Europe et en Amérique du Nord. Entre 2007 et 2012, il réalise des investissements en fonds propres dans des ETI françaises au sein du fonds Astorg Partners puis dans des entreprises à l'étranger (Méditerranée et Chine principalement) au sein de Proparco. En septembre 2012, Guillaume Mortelier rejoint CDC Entreprises, entité constitutive de Bpifrance dont il est nommé directeur du Développement puis directeur de la Stratégie et du Développement en 2014. En décembre 2017, il devient membre du comité de direction Mid & Large Cap, en charge de la création et de la gestion du Fonds Build-up International. Guillaume Mortelier est nommé directeur exécutif en charge de l’Accompagnement le 1er août 2018. outre le tourisme – comprenant la restauration, l’événementiel et l’hôtellerie, l’industrie (en particulier l’aéronautique et l’automobile) a été fortement touchée, mettant le doigt sur un problème opérationnel : la complexité des chaînes de production et une supply chain très dense. Enfin, cette crise s’est manifestée de façon très rapide : de la mi-mars à la mi-avril, nous avons mis en hibernation l’économie. Depuis, après avoir dû relever les défis sanitaires, dialoguer avec les employés, envisager différents scénarios de confinement et travailler à distance, les entreprises doivent penser à la reprise. JUSTEMENT, COMMENT VOYEZ-VOUS L’APRÈS- CRISE ? Du point de vue de la BPI, nous nous devons d’adopter une vision à la fois théorique et optimiste. L’idéal serait donc de retrouver dans la reprise une brutalité similaire à celle de la crise. L’année 2020 aura connu trois mois « blancs » ; il faudrait être capable de rattraper ce niveau d’ici septembre. Ce scénario n’est bien entendu pas réaliste pour tous les secteurs ; seules les entreprises de services suffisamment et financièrement solides pourront adopter une reprise en « V ». Pour le reste de l’économie, le profil de la reprise prendra plutôt les allures d’un « U » tassé avec un retour à la normal au quatrième trimestre. QUELS SONT LES PRINCIPAUX ENJEUX POUR LES ENTREPRISES ? Avant tout, il faut sécuriser et rallonger la durée du cash. À ce titre, notons que les banques « ont fait le job » sur le Prêt garanti par l’État (PGE) avec près de 38 milliards d’euros de prêts accord et pas moins de 260 000 demandes en trois semaines seulement. Le rythme est impressionnant 8 IESSAIS & SIMULATIONS • N°141 • mai - juin 2020

ACTUALITÉS ©DR mais il faut que la dynamique aille plus loin. Parallèlement à l’action financière se joue le défi de l’accompagnement car le souhait des dirigeants est de sécuriser la reprise d’ici trois à six mois. Par exemple, l’automobile est marquée par la crise en raison des problématiques rencontrées dans sa chaîne de fournisseurs. Beaucoup d’entre eux se situent en effet en Chine. Or le cycle d’approvisionnement est très long, ce qui explique que le choc n’a été ressenti qu’au mois de mars. L’objectif est donc de comprendre et de réagir le plus rapidement possible. ET PLUS PARTICULIÈREMENT POUR NOTRE INDUSTRIE ? Indépendamment de ses effets sanitaires, la crise à souligné l’importance d’une force industrielle en France et en Europe, à l’exemple de la santé pour la production de masques, de gel et de respirateurs artificiels. On a vu le trou béant puis, dans un second temps, l’industrie (textile et mécanique notamment) a su répondre aux besoins imminents de production. En un mot, nous pouvons affirmer que l’industrie est un enjeu de souveraineté et pas seulement économique. Il va donc falloir associer différents secteurs comme la santé, la défense etc. à une priorité non plus sectorielle mais globale en adoptant une vision non plus verticale mais horizontale. Nous devons adopter une approche industrielle dans son ensemble pour assurer la sécurité de la chaîne d’approvisionnement. De là, le grand défi pour la BPI est d’assurer que les dirigeants continuent d’investir et de donner la priorité au digital et à l’Industrie du futur. DANS QUELLE MESURE L’INDUSTRIE DU FUTUR VA-T-ELLE AIDER LES ENTREPRISES À MIEUX REBONDIR ? Vous l’aurez compris, l’enjeu n’est pas de savoir comment je digitalise l’usine mais comment j’intègre la supply chain Précision et haute vélocité réunis ! Seuls des accouplements de haute précision vous garantissent l’exactitude des données de vos couple-mètres ! www.mayr.com Votre partenaire ESSAIS & SIMULATIONS • N°141 • mai - juin 2020I9