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Essais & Simulations n°117

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La simulation, élément indissociable des essais

Forum Teratec

Forum Teratec Essais et Modelisation La parole à… une entreprise confirmée Entretien avec Vincent Chaillou, directeur-général délégué d’ESI Group Essais & Simulations Décrivez-nous les activités d’ESI Group ESI Group est un fournisseur de logiciels et services pour simuler virtuellement la fabrication, les tests et l’utilisation de produits existants ou futurs. Pour bien décrire notre activité, il est important de comprendre la vision d’ESI. Celle-ci est différente des autres éditeurs dans la mesure où l’équipe fondatrice s’est avant tout intéressée à la partie « matériaux ». Cette expertise a émergé au sein d’ESI depuis maintenant quarante ans. Qui sont vos clients (leurs secteurs d'activité) et qu'attendent-ils de vous ? Grâce aux développements d’ESI dans les logiciels de prototypage virtuel, aux solutions co-créées avec nos clients, et, parallèlement, à des opérations successives de croissance externe, nous avons pu réaliser des enchaînements de tests virtuels pour nos clients dans l’automobile avec Volkswagen. Il s’agit d’une étape importante mais qui nécessite encore de nombreux développements car la difficulté ne réside plus dans les tests virtuels mais dans le couplage et l’enchaînement de ces tests ; nécessitant alors des puissances de calcul gigantesques. Avant, l’objectif de nos clients était de réaliser de meilleurs tests. Puis, ils Historiquement, ESI a été un pionnier dans le domaine du crash - avec le tout premier crash test virtuel en 1985 pour Volkswagen... Puis on a répété ce modèle dans la sécurité du passager puis dans les tests sur les procédés de fabrication en commençant par l’emboutissage, où l’on vient simuler l’écrasement de la tôle en fonction de ses propriétés matérielles et du procédé utilisé. Enfin, ESI Group a, au fil des années, ajouté d’autres cordes à son arc en adressant des marchés supplémentaires tels que la fonderie et la soudure. Le savoir-faire et la valeur ajoutée d’ESI résident dans la combinaison de technologies complexes, avec notamment l’utilisation de la réalité virtuelle pour manipuler les prototypes virtuels dès la conception des produits. Modélisation des fluides autour d’une centrale nucléaire (et les clients de nos clients !). Ceux-ci nous demandent aujourd’hui de modéliser les composants sur lesquels ils vont réaliser tous leurs essais virtuels pour assurer la pré-certification. Pendant longtemps, la demande de nos clients était émulée – ou freinée ! – par la puissance des ordinateurs. Petit à petit, ils sont capables de sortir des modèles de plus en plus larges, précis et complets… mais toujours limités à la puissance disponible. Toutefois, progressivement, les niveaux de puissance industrielle et la miniaturisation des postes de travail ont permis de virtualiser les process. Le prototypage virtuel est devenu une réalité depuis environ cinq ans. Du côté des industriels, un premier déploiement d’un véhicule devrait voir le jour à compter de 2015 Exemple de Réalité Virtuelle, logiciel IC.IDO (crédit photo : Renault) ont souhaité sauter cette étape. Aujourd’hui, les industriels misent tout sur le prototypage dans le but d’optimiser les tests virtuels afin de développer des produits qui consomment moins et sont à la fois plus légers et attractifs etc. Mais la restriction, outre les puissances disponibles, réside dans le budget et la possibilité de justifier un tel investissement. Le ROI se situe désormais au cœur de toutes les problématiques. Quand êtes-vous arrivés sur le Campus et en quoi est-ce un atout pour vous pour répondre aux demandes de vos clients ? En tant que membre fondateur de l’association Teratec, il était tout naturel Essais & Simulations • JUIN 2014 • PAGE 40

Forum Teratec Essais et Modelisation d’être physiquement présent sur le Campus. Nous nous devions d’en faire partie et c’est pourquoi, nous avons commencé par y installer un laboratoire d’une dizaine de personnes ; ce nombre devrait d’ailleurs augmenter en fonction des projets que l’on mènera à l’avenir. L’un de nos rôles est d’anticiper les évolutions en matière de hardware ; or, les visionnaires présents sur Teratec nous font bien comprendre que les besoins de puissances sont infinis. De 15 à 64 puis 128, aujourd’hui nous en sommes souvent à 10 000 cœurs par job (c’est-à-dire une tâche de calcul – NDLR), et nous nous préparons à franchir dans le futur la marche des 100 000 cœurs par job ! ESI se doit d’anticiper l’accroissement des capacités de calcul HPC, et met au point des logiciels dans le but de répondre aux attentes futures des industriels. Autre demande croissante de nos clients : le calcul d’éléments physiques en temps réel. Pour vous donner un ordre d’idées, au cours des dix dernières années, un calcul qui prenait seize heures a été réduit à quelques minutes, ce qui représente un progrès significatif. Mais parallèlement, les modèles à traiter sont devenus de plus en plus gros et complexes… Pour les plus importants d’entre eux, il arrive encore que les calculs durent seize heures ! Or aujourd’hui, les industriels veulent des calculs qui prendraient quelques millisecondes, de la prise en compte du prototype à l’expérimentation en temps réel. toute une communauté d’acteurs destinés à travailler ensemble à travers des plateaux-projets. Cela nous permet d’une part de disposer de moyens nous évitant de perdre en taille de modèles et un gain de temps considérable. À titre d’exemple, nous avons renouvelé notre huitième contrat avec Volkswagen qui souhaitait, pour valider notre accord, être certain que nous serions capables le suivre dans ses perspectives de développement. En d’autres termes, le constructeur allemand souhaite à terme passer de 1 000 à 10 000 cœurs par job … ce qui nous a poussé à démontrer que nos solutions étaient en mesure de suivre le nombre et l’évolution de ses machines, et que la scalabilité ( capacité d’un logiciel à adapter sa performance à un changement d’ordre de grandeur de la montée en charge grâce au nombre de processeurs – NDLR) de nos logiciels pourra assurer les calculs de performance au crash, de sécurité ou et de confort vibratoire autour d’un même modèle, permettant ainsi d’entrer dans des stratégies d’optimisation. Cette démonstration, nous avons pu la réaliser ici grâce à la présence d’équipements de calcul suffisamment puissants et importants. Où se place la place la France dans le domaine du HPC ? Teratec a replacé la France dans la course du HPC. Il faut dire qu’il a été astucieux de la part du CEA de se doter d’une mission de prestations dans les domaines à risque puis dans des applications très variées comme l’automobile, le ferroviaire et les loisirs. Ainsi, de grands noms tels qu’Airbus, Renault ou L’Oréal ont recours au Très Grand centre de calcul (TGCC) du CEA, revitalisant le HPC sur le territoire alors que nous nous étions laissé devancer ces dernières années. Nous avons aussi la chance d’avoir Bull, une société qui a très bien su s’accrocher au wagon en devenant un chef de file pour vendre nos systèmes. La France dispose désormais d’un constructeur de taille. Enfin, il existe en France de nombreux chercheurs dont les travaux peuvent incontestablement mener à des créations d’entreprises. La route est donc ouverte. Outre le HPC, le Big Data prend de plus en plus d’importance. Par essence, les métiers du calcul haute-performance créent immédiatement de profondes connaissances dans ce domaine, relançant ainsi par ricochet le développement de nouvelles technologies et de progrès comme le cloud. Cette émulsion que l’on connaît en France, mais aussi en Espagne et en Italie notamment, va donc ouvrir de nouveaux champs d’application. Mais nous ne devons pas nous endormir sur ces acquis et poursuivre nos efforts de réindustrialisation, en nous adressant tout particulièrement aux PME. Propos recueillis par Olivier Guillon En quoi peut-on dire que le Campus Teratec est un « écosystème » ? Est-il favorable à votre activité et dans quelle mesure ? Oui, la création de Teratec va dans le sens de la création d’un écosystème physique et concret (pas virtuel), avec la présence du CEA qui est un partenaire historique d’ESI. L’implantation de Bull est également essentielle, tout comme Intel qui a rejoint le campus, nVidia ou encore Genci qui nous permettent d’accéder à des équipements hors du commun. Teratec rassemble Quelques mots sur Vincent Chaillou Vincent Chaillou, directeur-général délégué d’ESI Group, s’occupe plus particulièrement de la direction technique, des produits et de l’engineering, c’est-à-dire de tout ce qui concerne l’édition de logiciels. Ainsi, depuis une vingtaine d’années, il gère les équipes de R&D et de marketing produits pour ce qui relève du domaine du prototypage virtuel. Avant d’intégrer ESI, Vincent Chaillou a acquis une solide expérience dans le CAD- CAM, en créant notamment la filiale Computervision en France, avant d’en devenir vice-président aux États-Unis puis en Asie. Son parcours lui confère donc une expérience à la fois dans le software et le hardware à travers la création de produits spécifiques. Essais & Simulations • JUIN 2014 • PAGE 41

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