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Essais & Simulations n°113

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Quelle place occupe la CEM dans les essais ?

Essais

Essais et Modelisation Entretien Les normes doivent s’adapter au contexte industriel À l’occasion du salon Microwave & RF qui se tiendra Porte de Versailles en avril prochain, le président de l’AFCEM, Alain Charoy, revient sur la mise en pratique de la compatibilité électromagnétique. De plus en plus présente dans l’industrie et les essais, la CEM civile souffre d’un cadre normatif ou réglementaire mal adapté. De plus, on assiste à une dégradation des compétences en matière d’installation. Deux points que le responsable de l’Association française de compatibilité électromagnétique abordera en priorité sur le salon. Essais & Simulations Quelle place occupe la question de la CEM dans l’industrie, et plus particulièrement dans les essais industriels ? Alain Charoy Plus on avance, plus la CEM est prise en amont du développement, dès le cahier des charges, qu’il s’agisse des développements en classe A pour les environnements de l’industrie lourde, ou en classe B pour les environnements domestiques, avec parfois des niveaux volontairement plus sévères que ceux des normes européennes elles-mêmes ! On constate ce phénomène chez de grands industriels où l’on peut affirmer aujourd’hui que la CEM est connue et reconnue. Pour autant, cela ne veut pas dire que l’on sait comment modéliser, ni comment remplacer la CEM par des calculs, comme c’est le cas en fiabilité par exemple. Ce phénomène existe depuis plusieurs années et n’est pas prêt de changer car, pour les systèmes complets, nous sommes encore trop loin d’une corrélation satisfaisante entre les mesures (qui font toujours foi) et les résultats des modèles. Globalement, la CEM est bien prise en compte dans l’industrie, à l’exception de beaucoup de PMI. En interne, de grands comptes s’imposent aujourd’hui des niveaux supérieurs au « strict minimum » requis. Le retour d’expérience prime et impose un durcissement d’un facteur 2 de certaines exigences normatives, en particulier celles des CEI 61000-4-4 et CEI 61000-4-5. Quelles sont les contraintes réglementaires dans le domaine ? Dans le secteur aéronautique, il n’existe pas vraiment de problème car les normes sont à la fois complètes, strictes et scrupuleusement respectées. Pour le domaine militaire, les normes sont plutôt complètes, mais il y a une tendance – de temps à autre – à la dérogation. Dans le civil enfin, le constat est que même les industriels qui ont pris la mesure de la CEM peuvent encore rencontrer des problèmes sur site. La raison principale réside dans le fait que les équipes qui installent le matériel étaient auparavant « Aucune obligation réglementaire de tester l’immunité des équipements audessous de 150 kHz n'a vu le jour » plutôt bien formées au sein de entreprises industrielles ; aujourd’hui, ces équipes n’existent plus en interne car les entreprises font désormais appel à la sous-traitance. Et puisqu’elles n’ont plus de contrôle a posteriori ni a priori, la CEM tend à se dégrader sur le terrain. Cette situation ne fait qu’empirer dans toutes les régions du monde, y compris aux États-Unis. Nous constatons que les problèmes d’installation augmentent alors qu’ils avaient diminué entre 1990 et 2000 ! On assiste donc à une régression alors que la situation s’était améliorée dès la sortie de la directive CEM. Comment en est-on arrivé là ? Les grands industriels ont été contraints de rédiger eux-mêmes leurs guides d’installation (ce qu’ils ont très bien fait d’ailleurs) ; ils ont légitimement estimé qu’ils avaient fait leur travail et que c’était aux installateurs de faire le leur. Seule exception notable : le nucléaire où le matériel est désormais beaucoup mieux conçu qu’au siècle dernier et où l’installation est en général correctement maîtrisée. Par ailleurs, curieusement, l’impact de l’installation sur la CEM finale (par exemple, un facteur 100) est bien plus important que celui de la qualité de conception (facteur 4) or la directive CEM ne responsabilise que les concepteurs. L’installation a au total bien plus d’impact que la conception ; la directive CEM devrait donc aussi responsabiliser les installateurs. Que manque-t-il aujourd’hui aux textes réglementaires pour s’adapter aux contraintes des industriels ? On peut dire qu’en termes de normalisation, il y a un trou dans la raquette ! Il existe des normes encadrant les émissions conduites allant jusqu’à 2 kHz, Essais & Simulations • AVRIL 2013 • PAGE 28

Essais et Modelisation «Il est primordial de convaincre les installateurs de suivre et d’appliquer à la lettre les guides rédigés par les constructeurs» puis de 150 kHz à 30 MHz. Il n’existe, en émission, rien entre 2 et 150 kHz : aucune mesure, ni aucune valeur limite normalisée. En immunité, des normes existent mais ne sont pas encore reprises par les normes génériques. Par exemple, la norme CEI 61000-4-16 est pertinente, mais elle reste méconnue et donc très rarement appliquée. Le vide n’est donc pas tant normatif que juridique car cette norme n’a pas encore l’obligation d’être appliquée. Comment aborder ces contraintes ? Cela va-t-il changer la manière de procéder dans les laboratoires d’essais ? Dans les laboratoires d’essais, nous assistons à une évolution des normes qui impose d’améliorer les systèmes de mesure pour réduire les incertitudes des mesures d’émissions et pour suivre les évolutions des méthodes et des tests. De nombreux matériels d’essais deviennent aujourd’hui obsolètes. Les laboratoires ont davantage besoin d’investir dans du matériel de qualité. Mais il s’agit ici d’une évolution permanente depuis des années ; il n’y a donc en la matière pas de changement ni de bouleversement majeurs. En revanche, il existe deux points d’amélioration qui méritent d’être retenus en faveur des industriels. Le premier concerne le fait qu’ils tentent de recenser les dysfonctionnements que leurs matériels rencontrent sur le terrain afin de boucher les trous de la réglementation. Le second point concerne la nécessité de convaincre les installateurs de suivre et d’appliquer à la lettre les guides rédigés par les constructeurs. Cela peut notamment se traduire par une plus grande vigilance par rapport au choix du sous-traitant. Propos recueillis par Olivier Guillon Essais & Simulations • AVRIL 2013 • PAGE 29

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