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Essais & Simulations 150

Spécial Automobile L’automobile connaît une nouvelle révolution… mais quel impact pour les essais ?

DOSSIER L’INTERVIEW ©

DOSSIER L’INTERVIEW © Faurecia Luc Marbach Avec une carrière de plus de trente-sept ans dans l’automobile, en particulier au sein du groupe PSA (devenu Stellantis), Luc Marbach a exercé différents postes dans la production et la fonderie mécanique avant de prendre la direction des projets de la Peugeot 207 puis de la DS5 au début des années 2000 puis devenir le patron de la qualité au sein du groupe français. Au cours de sa carrière, il a également été amené à négocier le retour de PSA en Iran. Enfin, il a été directeur général de l’institut VDCom, spécialisé dans le véhicule autonome, électrique et la mobilité partagée. Consultant, il a pris la présidence de la SIA en 2020. L’automobile entre difficile Pour Luc Marbach, les nombreux bouleversements que rencontrent aujourd’hui la filière automobile et cette révolution inédite implique toujours plus de nouveaux défis pour les ingénieurs. Ici le paysage est amené à changer, cette révolution - comme toutes les révolutions - est passionnante. La filière automobile connait les plus grands bouleversements de son histoire. Quelles grandes évolutions impactent le plus les membres de la SIA ? Depuis 2020, nous assistons à une succession de crises et à une densité de changements structurels : c’est du jamais vu et à une vitesse telle qu’on ne voit pas quand ça va s’arrêter. Ces crises ont successivement touché le semiconducteur… crise que certains voyaient de courte durée et qui finalement s’est révélée structurelle en raison du fait que l’automobile n’est plus aujourd’hui la priorité du marché des semiconducteurs. Par ailleurs, le Covid-19 a bloqué toutes les ventes. Nous assistons actuellement à un rattrapage mais nous accusons toujours en retard par rapport aux volumes d’avant crise. Autre grande évolution cette fois, le changement réglementaire qui amène une part de doute chez le consommateur, lequel ne sais plus vraiment quoi acheter. Mais au poids de la réglementation imposant la fin des véhicules thermiques en Europe en 2035 et les zones à faible émission, s’ajoute une autre problématique : la réglementation oblige les véhicules à être de mieux en mieux équipés, se percutant inévitablement sur le prix de vente comme les systèmes de freinage automatique qui imposent d’intégrer davantage de caméras et de capteurs dans le véhicule et donc de les rendre plus chers. Et le tsunami réglementaire n’a pas fini de s’arrêter. Le « reset » concernant le véhicule thermique s’attaquent aux émissions alors que depuis Euro6-D Full, il n’y a plus d’émissions de CO2 issue de la combustion ; c’est un rapport de l’Ademe qui le dit. Ainsi, une nouvelle mesure réglementaire devrait s’imposer entre 2025 et 2028 afin de lutter contre les quelque 5 000 substances chimiques qu’il va falloir identifier sur toutes les chaînes de production des pièce d’un véhicule. Parallèlement, nous assistons au passage d’une culture de la possession et celle de l’usage. Le développement de la location longue durée (LDD) est très clair. C’est une bonne solution dans le contexte d’incertitude réglementaire pour le consommateur ; seul problème, le marché se rétrécit et nous assisterons à des fortes baisses de ventes de voitures tout comme une réduction du marché de l’occasion et ainsi au vieillissement du parc moyen (ce qui pose beaucoup moins 36 I ESSAIS & SIMULATIONS • N°150 • Septembre - Octobre - Novembre 2022

DOSSIER dans une révolution… mais passionnante ! ©iStock de problème qu’il y a plusieurs années en raison de l’absence de problème de fiabilité des véhicules). Mais le non-renouvellement des véhicules anciens va poser un souci si l’on veut moderniser en parallèle le parc d’un point de vue environnemental et de la sécurité. Autre tendance forte : l’analyse du cycle de vie. Chez de nombreux constructeurs, on est en train de récupérer la chaîne complète, à l’image des pièces de rechange. Ainsi, le véhicule en fin de vie va être considéré comme une source de matière première qui sera davantage réutilisée comme c’est le cas aujourd’hui pour les batteries... et éviter de ce fait d’alimenter les « cimetières » de véhicules. Pour vous, s’agit-il d’un scénario noir ? Non, au contraire. L’automobile est confrontée à beaucoup de défis mais c’est pour façonner un beau paysage à venir. Nous sommes donc optimistes car le véhicule permettra toujours la mobilité des biens et des personnes : on ne peut pas s’en passer. Mais les défis sont nombreux pour vous… Oui, en particulier dans le domaine de la mutation des compétences des ingénieurs. Tout ne va pas disparaître : nous aurons toujours besoin de métiers traditionnels pour la conception de véhicules au niveau des freins par exemple, de la garde au sol, de l’aérodynamisme de la carrosserie ou des matériaux… Notre priorité est donc de garder nos compétences et de les former car ces métiers se complexifient toutefois beaucoup. ESSAIS & SIMULATIONS • N°150 • Septembre - Octobre - Novembre 2022 I37

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