DOSSIER GRANDS COMPTES Stellantis Les essais s’organisent dans un environnement multi-marques Dans l’automobile, et tout particulièrement au sein des modèles de l’ex Groupe PSA, la stratégie est de pouvoir mener les essais de A à Z, de l’éprouvette à l’essai échelle 1 du véhicule. Peu de temps après le mariage du groupe français avec FCA, Essais & Simulations s’est entretenu avec le maître-expert du département liaison au sol pour nous expliquer comment le centre d’essai de Belchamp s’organise dans un contexte multimarques. Dr. Matteo Luca Facchinetti De nationalité italienne, Matteo Luca Facchinetti travaille chez Groupe PSA (désormais Stellantis) depuis dix-sept ans où il supervise la conception mécanique au sein du département de la liaison au sol (cf. encadré). Son expérience en ingénierie mécanique s’étend de la caractérisation des matériaux à l’évaluation globale des véhicules, en utilisant et en gérant à la fois la simulation numérique et les essais expérimentaux. Cela n’a échappé à personne. Les deux célèbres groupes FCA et Groupe PSA ont donné naissance à un géant doté de quatorze marques automobiles et de dizaines de modèles. Mais la nouvelle entité – Stellantis – pourra d’ores et déjà s’appuyer sur de nombreuses années d’expérience au sein de Groupe PSA en matière d’essai multimarques. Matteo Luca Facchinetti confirme en effet que le « multimarque » oblige les constructeurs à devoir différencier de façon claire chacune d’entre elles ainsi que leur univers bien particulier. Outre le design et l’habitacle intérieur, les efforts en matière d’essai peuvent prendre des orientations différentes en fonction de l’identité des marques, tout en maintenant bien sûr les fondamentaux en précision de conduite et en sécurité. Ce besoin de différenciation et de visibilité clairement perçues par les clients passe inévitablement par les essais et notamment les essais de liaison au sol. DES MOYENS D’ESSAIS ADAPTÉS POUR RÉPONDRE AUX ENJEUX DU « MULTIMARQUES » Concernant les moyens d’essais, ceux-ci concernent plusieurs étapes du développement et vont des bancs plus volu- Quelques précisions sur l’activité d’essais mécaniques et liaison au sol Les activités portent sur un large éventail de charges mécaniques, allant de la fatigue à grand nombre de cycles jusqu’à la résistance aux chocs, et sont menées grâce à un réseau efficace de fournisseurs, de partenaires techniques et de laboratoires universitaires, parfois même en coordination avec la concurrence. En outre, une attention particulière est accordée à l’intégrité structurelle et à l’évaluation des risques de défaillance, qui est une préoccupation prioritaire pour les pièces et systèmes de sécurité. La prévention des problèmes techniques graves et des faits techniques en contexte projet fait partie de la culture et de l’expérience de l’entreprise. 26 I ESSAIS & SIMULATIONS • N°144 • février-mars-avril 2021
DOSSIER Vue aérienne du site de Belchamp mineux à l’échantillonnage : d’une part les essais dédiés au développement des véhicules à l’échelle 1, à l’exemple d’un véhicule de test ou d’une route et d’une piste dédiées, d’autre part, les instruments visant à analyser le comportement de chaque matériau via des éprouvettes d’à peine quelques centimètres ! Entre ces deux extrêmes sont menés des essais sur les composants jusqu’aux sous-systèmes comme les trains avant ou arrière complets avec des sollicitations mécaniques grâce à une instrumentation croissante des moyens d’essais ; celle-ci permet notamment d’isoler les mesures prises sur chaque élément d’un même ensemble et de l’isoler de son environnement proche. Les moyens de tests peuvent être standard, à l’image de la caractérisation des matériaux, ou bien spécifiques afin de reproduire le plus fidèlement possible le comportement routier du véhicule sur route. LA PLACE GRANDISSANTE DE LA SIMULATION NUMÉRIQUE Pour Matteo Luca Facchinetti, la simulation a toujours une emprise croissante sur les essais en environnement dans la mesure où des progrès énormes ont été réalisés ces dernières années par les éditeurs. « La simulation avance à pas de géant et présente des marges de progrès considérables notamment dans le domaine de la tenue mécanique, des réponses vibratoires et du comportement au crash. Toutefois, ces éléments restent à la faveur des essais physiques car on a toujours besoin d’un point de recalage que l’on obtient avec un essai en situation réelle pour vérifier si les résultats de simulation sont recevables ». Anneau d’essai pour tester le comportement du modèle à succès de Peugeot, la 3008 Cette corrélation entre essai physique et simulation numérique demeure donc indispensable, en particulier dans le domaine de la liaison au sol dont le but est d’assurer la sécurité des fonctions mécaniques du véhicule. C’est pourquoi les autorités exigent toujours des preuves expérimentales du bien-fondé du travail des ingénieurs et des évaluations s’appuyant sur des preuves physiques. Néanmoins, cette position pourrait très bien évoluer dans les années à venir et peut-être ouvrir la voie à une homologation virtuelle. LES ESSAIS MÉCANIQUES, DES MÉTIERS D’AVENIR ! Quant à l’avenir du métier et des équipes, Matteo Luca Facchinetti précise que « même si nous travaillons sur des équipements et des technologies existants depuis des siècles (pensez par exemple à un assemblage vissé !), ils peuvent toujours présenter des problèmes techniques, des aléas et des défauts à corriger, à régler, dans une recherche permanente de la précision. » Car si l’automatisation et la simulation numérique poursuivent leur ascension, y compris dans les essais, les véhicules se montrent de plus en plus complexes à développer, à l’image de l’électrification des motorisations. « La technologie électrique est en plein essor et il est impossible de déléguer les tests réalisés de cette partie du développement à l’intelligence artificielle par exemple afin que toutes les contraintes de sécurité soient respectées ». Matteo Luca Facchinetti insiste en outre sur une particularité de l’automobile par rapport à d’autres secteurs d’activité : « En mécanique, nous profitons du fait qu’il n’y a pas beaucoup de normes contraignant l’activité d’ingénierie, ce qui permets de proposer des nouveautés et innover en permanence. C’est pourquoi nos métiers d’ingénieur de mécanique sont riches et représentent des réservoirs d’idées, davantage en tout cas que dans l’aéronautique ou le ferroviaire, beaucoup plus contraints par les normes en vigueur. » Dans l’automobile, les essais mécaniques ont donc encore de beaux jours devant eux ● Olivier Guillon ESSAIS & SIMULATIONS • N°144 • février-mars-avril 2021 I27
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