Essais & Simulations 144

DOSSIER EN APPLICATION

DOSSIER EN APPLICATION Mener des essais les plus fiables tout en réduisant les délais, le défi permanent d’ArianeGroup Les acteurs du spatial se livrent une concurrence effrénée. Dans ce contexte, le domaine des essais apparaît plus stratégique que jamais pour développer rapidement des produits les plus fiables possible. Exemple avec la division Équipements et services d’ArianeGroup qui a su mettre à profit des moyens d’essais de plus en plus complexes pour répondre à ses besoins mais aussi réaliser des prestations pour des tiers. Il est une réalité dans l’espace que l’on rencontre rarement sur terre : dès qu’il entre en activité, un équipement n’est plus réparable. « Une fois le compte à rebours terminé, un lanceur ne peut plus faire l’objet d’une intervention ». Cette remarque d’Arnaud Trimouille, responsable des essais au sein de la division Équipements et services d’ArianeGroup, résume bien la problématique prioritaire d’une telle entreprise : assurer par tous les moyens la fiabilité maximale de ses équipements, de ses produits et, in fine, de ses lanceurs. La division à laquelle appartient Arnaud Trimouille couvre uniquement le périmètre des équipements et des sous-systèmes. Ces essais ont la particularité de pouvoir être menés au sol, en laboratoire, afin de reproduire à Arnaud Trimouille Responsable essais Équipements et services chez ArianeGroup. ©ArianeGroup l’identique les conditions réelles d’un équipement. « Nous menons des essais qui correspondent à chaque étape d’une mission spatiale, du pas de tir aux vibrations générées au décollage. Pour cela, nous disposons de bancs vibratoires spécifiques. Il en est de même au moment de la séparation des étages de la fusée : nous possédons des bancs de chocs pyrotechniques. Enfin, pour représenter l’environnement de l’équipement une fois dans l’espace, nous utilisons des caissons capables de reproduire le vide spatial ». Ces nombreux composants équipent également les lanceurs qui viendront mettre les satellites en orbite donc là encore, pas question de lésiner sur la qualité et la faillibilité des essais. Mais à cela s’ajoutent d’autres problématiques comme la compression des délais et la réduction de la durée des campagnes d’essais. De même, cette fiabilité est d’autant plus exigée qu’outre les besoins internes du groupe en France et en Allemagne, la division Équipements et services d’ArianeGroup développe et vend également des prestations d’essais à des clients extérieurs… « Ces prestations vont de l’analyse de matériaux aux campagnes d’essais les plus complexes sur des structures de très grande dimension, à l’exemple de tests menés sur des réservoirs haute pression ». DES ESSAIS DE PLUS EN PLUS COMPLEXES ET INSTRUMENTÉS Une autre tendance de fond donne également du fil à retordre aux ingénieurs d’essai. Car la recherche de solutions les plus compatibles et performantes possible s’accompagne 24 I ESSAIS & SIMULATIONS • N°144 • février-mars-avril 2021

DOSSIER ©ArianeGroup inévitablement d’une instrumentation croissante. Ainsi la complexification des équipements et des bancs de test doit répondre à la demande d’ArianeGroup de mener des essais représentatifs, multidisciplinaires et ainsi fortement instrumentés. « Car au-delà de la fiabilité de nos produits, nous devons répondre en permanence à la réduction du rapport masse / puissance afin de développer des lanceurs les moins lourds avec des moteurs les plus performants pour augmenter l’emport de charge utiles et donc le nombre de satellites sur un même lanceur. Ainsi, plus la masse est optimisée, plus sa charge d’emport disponible est importante ». Cela a donc nécessité de se doter de moyens d’essai à la pointe de la technologie, à la fois fiables et plus rapides à mettre en œuvre afin d’accélérer les boucles de validation et les campagnes complètes d’essai. « En outre, ces essais complexes et fortement instrumentés doivent être rapidement exploitables et exportables de manière à être comparés aux modèles de simulation et ainsi accélérer les boucles itératives intervenant entre les résultats d’essai et leurs simulations numériques ». Pour ce faire, la division a dû fortement rapprocher les tests physiques expérimentaux du monde de la simulation numérique et ce dès la phase amont d’une campagne d’essai. Cette place accrue des logiciels de simulation a permis à la division Équipements et services d’ArianeGroup de renforcer son activité annexe de prestations extérieures. « Cela nous permet d’être très compétitifs en tant que prestataire d’essais par rapport à nos concurrents », précise Arnaud Trimouille. RÉPONDRE AUX BESOINS DES PRESTATIONS D’ESSAI EXTÉRIEURES Sur le marché, ArianeGroup propose un large éventail de prestations, allant de l’analyse physico-chimiques des matériaux aux essais d’équipements et de sous-systèmes sur les produits à forte valeur ajoutée, exprimant des besoins de finesse et d’expertise hors du commun. Le groupe s’adresse désormais à des acteurs du domaine des transports (sport automobile, bateaux de compétition), mais également dans le secteur des produits dangereux dans lequel il a développé une expertise en maîtrise des risques ; « nos clients appartiennent à l’aéronautique, au spatial et à la défense mais également au domaine du transport, ou de l’énergie. » Dans ce domaine, Arianegroup dispose d’une aire d’essai pour tester des batteries Lithium Ion mises en œuvre dans le stockage d’énergie verte (solaire, éolien) ou les véhicules électriques (terrestre, aéronautique, spatial). ArianeGroup recrée les agressions accidentelles (chute, court-circuit, surcharge, incendie, poinçonnement) que peuvent connaitre ces produits pendant leur cycle de vie afin que les industriels maitrisent leur risques. Outres les mesures classiques de tension, courant, pression, température, ces essais réalisés dans un environnement confiné permet de collecter, analyser et traiter les gaz pour limiter l’impact sur l’environnement. Un sujet en vogue qui présente, comme d’autres, des potentiels de développement importants ● Olivier Guillon ESSAIS & SIMULATIONS • N°144 • février-mars-avril 2021 I25