Essais & Simulations 144

MESURES EN APPLICATION

MESURES EN APPLICATION Air France Industries recourt à Tescia de HBK pour optimiser son banc de mesure Zephyr Air France Industries, acteurs majeurs de MRO (Maintenance, Repair and Overhaul) sur moteur a renforcé ses capacités d’analyse vibratoires, vitales aux contrôles sécurité des moteurs d’avion, grâce à la nouvelle solution dédiée aux tests répétitifs – Tescia. Afin de relever les défis en matière de contrôle vibratoire et mener des mesures plus fiables, Air France Industries a fait appel à HBK afin d’optimiser son banc de mesure Zephyr. Après une analyse approfondie des besoins, les ingénieurs Hottinger Bruel & Kjaer ont préconisé l’intégration du système Tescia. Cette solution complète inclut le matériel d’acquisition de données LAN-XI et un logiciel d’analyse temps réel. Ivan Rouesné, responsable du banc de mesure Zephyr, explique que « la mesure de vibration peut sembler un détail par rapport à tout ce que nous faisons sur un moteur de type GE90-115. Mais sur un essai de performance, on développe des forces importantes et le moindre signe de déséquilibrage doit absolument être évité. Un essai complet se fait en deux fois sept heures d’affilée avec deux équipes. Toutefois, si la valeur de déplacement vibratoire due à l’équilibrage est hors tolérance, on peut devoir arrêter un essai de simulation de décollage et consommer beaucoup de carburant pour rien. » UNE FIABILITÉ DE MESURE ABSOLUE, CONDITION SINE QUA NON POUR AIR FRANCE INDUSTRIES Parmi les exigences de la filiale MRO de la célèbre compagnie aérienne figurent en haut de la liste la fiabilité absolue et une garantie que ce qui est mesuré est juste, sans aucune conséquence sur le fonctionnement du moteur. Souhaitant disposer d’une mesure vibratoire complémentaire plus experte et plus détaillée en parallèle sur le banc, l’entreprise a fait appel à HBK. « Nous avons apprécié la grande disponibilité du support et son niveau d’expertise, poursuit Ivan Rouesné. Nous avons pu mieux comprendre nos signaux et avons appris à les traiter avec une meilleure visibilité. Nous avons pu vérifier à distance nos accéléromètres nonaccessibles physiquement afin de s’assurer de la cohérence de nos mesures ». Sur les moteurs GE90-115 qui équipent le Boeing 777, l’équipe effectue les mesures sur deux arbres indépendants et tournant à des vitesses différentes. Ceux-ci sont contrôlés en permanence et ne doivent pas dépasser un niveau de déplacement imposé. « Nous avons pu interpréter leur comportement vibratoire facilement sur le système Tescia qui nous donne immédiatement des informations simples à partir de traitements pourtant complexes tel que l’utilisation de filtres suiveurs pour obtenir des signaux clairs et fiables. » ● 22 I ESSAIS & SIMULATIONS • N°144 • février-mars-avril 2021

DOSSIER L’INTERVIEW Les métiers des essais face aux conséquences effroyables de la crise sanitaire Daniel Leroy Président de l’Association pour le développement des sciences et techniques de l’environnement (ASTE) Comment ont évolué les essais et les problématiques des industriels en la matière depuis une dizaine d’années ? Cela dépend des marchés : dans l’automobile, la réduction des coûts de développement (et donc des essais) a favorisé la croissance des techniques de personnalisation type NFX50144. Dans l’aéronautique, côté essais sols, l’interconnexion des moyens à distance a permis la réalisation d’essais complexes, sur plusieurs sites, en temps réel. Pour les essais embarqués, c’est la miniaturisation des technologies de mesure qui a fortement progressé, grâce à l’essor des semiconducteurs : « small is beautifull » comme l’indique Gilles Fréaud, d’Airbus. Qu’a changé le Covid-19 et la crise sanitaire dans la manière de mener les essais ? De manière générale, la Covid a poussé à ce que les activités intellectuelles (modélisation, algorithme, logiciel, HMI…) se fassent en « distanciel », mais la partie hardware est principalement restée en présentiel, notamment sur les gros moyens d’essais : les tests non prédictifs nécessitent une interactivité forte, gérée par des spécialistes sur place. Il est à noter que la crise touche durement l’automobile et l’aéronautique, avec un moindre impact sur le ferroviaire. Besoin de télécommunication oblige, le spatial est actuellement très chargé. Les technologies actuellement sur le marché répondent-elles à toutes les attentes des industriels et des laboratoires ? Et que manque-t-il aujourd’hui ? Oui, notamment la généralisation du « hardware in the loop », qui devrait conduire à l’intégration des moyens Au vu de la diminution des étudiants dans les filières scientifiques, les métiers des essais vont certainement manquer de ressources... humaines d’essais chez les fournisseurs eux-mêmes, avec le développement d’un standard d’échange de communication pour les simulations. Il manque aujourd’hui de voir les impacts de la 5G sur les activités mesures (IoT, télémétrie) ainsi que la généralisation de l’emploi des MEMS pour toutes les grandeurs physiques. Comme pour le composite dans l’aéronautique, il est certain que l’hydrogène va créer des besoins qui vont amener le développement de nouvelles solutions en instrumentation, qui vraisemblablement s’appuieront sur le bio-mimétisme. Cependant, passé le marasme induit par la Covid, au vu de la diminution des étudiants dans les filières scientifiques, les métiers des essais vont certainement manquer de ressources …humaines. C’est pourquoi l’ASTE, en association avec le Réseau Mesure, mobilisent leurs forces pour donner de la visibilité aux métiers des essais et de la simulation ● Propos recueillis par Olivier Guillon ESSAIS & SIMULATIONS • N°144 • février-mars-avril 2021 I23