ESSAIS ET MODÉLISATION ANALYSE Innover pour faire face à la crise, c’est d’abord changer en profondeur sa culture d’entreprise ! À l’occasion du prochain conseil d’administration de l’ASTE, qui aura lieu à la mi-juin prochain, Thomas Laborey animera une présentation portant sur les avantages de la collaboration entre les différents membres de l’association des ingénieurs d’essais afin de mieux répondre aux défis dans un contexte de crise. En amont de cette intervention, voici un aperçu de sa philosophie. Thomas Laborey Consultant en management, Thomas Laborey est spécialisé dans l’innovation managériale. Il intervient en outre au sein de Blooming Partners SAS. Il est également adossé à MétaMorphoses, un think tank chargé de financer la recherche appliquée. S’entraider, c’est aussi aider son entreprise et ses propres intérêts. C’est en partant de ce postulat que Thomas Laborey, spécialiste de l’innovation managériale, entend évangéliser auprès des entreprises le modèle anglo-saxon visant à partager les compétences et les connaissances afin de mieux répondre aux obstacles économiques. Et ce n’est pas chose simple dans un pays où la culture du secret et du « vivons bien, vivons cachés » prédominent dans l’esprit des entreprises. D’ailleurs, est-ce vraiment un problème franco-français ? Non, bien sûr. Mais au regard de ce qui se fait aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou encore en Israël, forcé de constater qu’on adopte souvent une position trop rationnelle par rapport à son marché et à ses nombreux aléas. « Un peu comme à l’image de l’école où on ne copie pas, entre industriels, on ne partage pas ses connaissances, illustre Thomas Laborey. Or les enseignements de ces dernières années révèlent que les entreprises qui réussissent sont celles qui justement partagent leurs expériences ; à l’inverse, celles qui se referment sur elles-mêmes ne parviennent plus à s’adapter aux évolutions rapides d’une économie en perpétuel mouvements ». L’ADAPTABILITÉ, LA CLÉ POUR CHANGER EN PROFONDEUR ET S’ADAPTER AUX CRISES À VENIR Étonnamment, ce partage des connaissances n’émane pas tellement des start-up, pourtant souvent prises comme modèles (à tort parfois), mais des labs, comme cela a été le cas dans la filière agroalimentaire, cette année tout particulièrement. Dans ce contexte, peut-on dire que la crise du Covid a servi d’accélérateur ? « Déjà en 2008, la bascule dans le monde de l’innovation a montré que les entreprises restées dans le déni réussissaient moins que celles qui acceptaient la crise et ses réalités ». En période de crise (et peu importe quelle crise), il est indispensable de se montrer innovant et interactif. Problème, l’innovation permanente n’a pas de recette : on ne sait pas comment on doit faire ni quelles conséquences cela aura. « Tout réside dans la capacité de se faire confiance, de réussir à construire au bon moment et déconstruire. Pour moi, le Covid-19 est en ©Foucha 8 I ESSAIS & SIMULATIONS • N°144 • février-mars-avril 2021
ESSAIS ET MODÉLISATION quelque sorte un non-événement dans la mesure où d’autres crises surviendront et qu’il va falloir s’adapter de la même manière. On ne peut pas être innovant ou collaboratif sur commande ; il va donc falloir apprendre à changer en profondeur ». LA RECHERCHE DE LA PERFECTION À TOUT PRIX : UN MAL FRANÇAIS Il n’y a pas de méthode pour s’adapter. Une crise survient sans prévenir et tout arrive vite. C’est le cas également des aléas et des nombreux événements auxquels l’entreprise est confrontée et auxquels on ne peut rien. On doit donc agir en s’adaptant à la manière d’un Lego en étant capables d’assembler, de désassembler puis de réassembler des pièces. Encore faut-il apprendre à assembler en ce sortant du perfectionnisme, cette culture qui vient de l’enfance et qui nous amène très rapidement à ne pas accepter l’erreur. « Contrairement aux États-Unis, en France on n’accepte pas d’être mauvais ni de se faire aider par un autre. Or l’intelligence doit être collective et collaborative ». Pour Thomas Laborey, il ne faut donc plus rechercher la perfection afin de répondre à une problématique particulière. Car ce n’est pas en étant parfait mais en recherchant l’acceptable que l’on progresse. Tel un roseau, il faut apprendre à être souple, accepter que ça bouge, ne plus analyser mais observer, animer l’intelligence collective et à être à l’aise dans le changement. « Apprivoiser la disruption, c’est de ne plus la voir quelque chose de dangereux pour mon business, mais l’accepter ». L’exemple des acteurs français ayant travaillé sur le vaccin de la covid-19 a montré que nos ressources – qualité de l’enseignement, moyens industriels et intellectuels – étaient là mais qu’ils ont été incapables de communiquer, d’interagir ensemble et de coopérer. Et à ceux qui pensent encore que bienveillance équivaut à une gentillesse naïve, que le partage des connaissances voire des moyens industriels ou d’essais équivaut à faire entrer le loup dans la bergerie, se persuaderont certainement du contraire après avoir assisté à l’intervention de Thomas Laborey. Rendezvous en juin… ● Olivier Guillon ESSAIS & SIMULATIONS • N°144 • février-mars-avril 2021 I9
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